Encyclopédie volume 8 page 303 colonne droite

Transposition par l'Horloger de la Croix-Rousse du volume 8 page 303 colonne de droite de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert

…qui s’écoule depuis le point de la plus grande élévation du soleil au-dessus de l’horizon (lequel on nomme midi), jusqu’à son retour au même point ; mais comme les besoins des hommes augmentèrent à mesure qu’ils devinrent plus instruits, cela les obligea à avoir des divisions du temps qui fussent plus petites. Ils divisèrent donc le temps qui s’écoule entre deux midis, c’est-à-dire une révolution du soleil en vingt-quatre parties ou heures, de là l’origine des cadrans solaires dont les heures sont marquées par des lignes ; voilà en gros l’origine de la mesure du temps par le mouvement du soleil : or on voit que cette manière était sujette à bien des difficultés, car on ne pourvoit savoir l’heure pendant la nuit, ni lorsque le soleil était caché par des nuages ; c’est ce qui donna lieu à l’invention des clepsydres ou horloges d’eau, etc.

Cette dernière manière de mesurer le temps, toute imparfaite qu’elle est, a servi jusqu’à la fin du dixième siècle, qu’est l’époque de l’invention des horloges, dont le mouvement est communiqué par des roues dentées, la vitesse réglée par un balancier, l’impulsion donnée aux roues par un poids, et le temps indiqué sur un cadran divisé en douze parties égales au moyen d’une aiguille portée par l’axe d’une roue ; cette aiguille fait un tour en douze heures, c’est-à-dire deux tours depuis le midi d’un jour au midi suivant. Lorsque l’on fut ainsi parvenu à avoir de ces horloges, dont les premiers furent placés aux clochers des églises ; des ouvriers adroits et intelligents enchérirent sur ces découvertes, en ajoutant à côté de ces horloges un rouage, dont l’office est de faire frapper un marteau sur une cloche les heures indiquées sur le cadran ; de sorte qu’au moyen de cette addition, on pouvait savoir les heures pendant la nuit sans le secours de la lumière, ce qui devint d’une grande utilité pour les monastères ; car il fallait qu’avant cette invention les religieux observassent les étoiles pendant la nuit, pour ne pas manquer l’heure du service, ce qui n’était pas fort commode pour eux ; aussi attribuait on l’invention des horloges à roues au moine Gerbert, qui fut ensuite archevêque de Reims environ en 991, et enfin pape sous le nom de Silvestre II. On s’est servi jusques en 1651 de cette invention. Voyez l’Histoire de France du président Hénault, tome I. p. 126.

Quand on fut ainsi parvenu à avoir de ces horloges, on en fit des plus petites pour placer dans les chambres ; enfin d’habiles ouvriers firent des horloges portatives, auxquelles on a donné le nom de montres. C’est à ce temps que remonte l’origine du ressort spiral(1), dont l’action entretient le mouvement de la machine, et tient lieu du poids dont on se sert pour les horloges, lequel ne peut être appliqué à une machine portative continuellement exposée à des mouvements, inclinaisons, etc. qui empêcheraient l’action du poids, on fit aussi des montres à sonnerie. C’est proprement à ces découvertes que commence l’art de l’Horlogerie ; la justesse, à laquelle on parvint pour mesurer le temps en se servant des horloges et des montres, était infiniment au-dessous de la justesse des sabliers et horloges d’eau ; aussi faut-il avouer que c’est une des belles découvertes de ces temps-là : mais elle n’était rien en comparaison de la perfection que l’Horlogerie acquit en 1647 ; Huyghens, grand mathématicien, créa de nouveau cet art par les belles découvertes dont il l’enrichit ; je veux parler de l’application qu’il fit du pendule aux horloges, pour en régler le mouvement ; et quelques années après, il adapta aux balanciers des montres un ressort spiral, qui produisit sur le balancier le même effet que la pesanteur sur le pendule.

1) ATTENTION, il s’agit là du ressort moteur enroulé en spirale dans le barillet et non du ressort spiral du balancier. D’après Charles Gros, c’est à un serrurier de Nuremberg appelé Peter Hele (1480-1540) qui remplace pour la première fois le poids par un ressort.

La justesse de ces machines devint si grande par ces deux additions, qu’elle surpasse autant celle des…