Encyclopédie volume 8 page 304 colonne droite

Transposition par l'Horloger de la Croix-Rousse du volume 8 page 304 colonne de droite de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert

…sache pas que personne me conteste l’addition.

Or il y a seize ans actuellement (en 1658) que j’ai publié un ouvrage sur cette matière ; donc la date de l’impression diffère de sept années celle des écrits où cette invention est attribuée à d’autres ; quant à ceux qui cherchent à en attribuer l’honneur à Galilée, les uns disent qu’il parait que ce grand homme avait tourné ces recherches de ce côté ; mais ils font plus, ce me semble, pour moi que pour lui, en avouant tacitement qu’il a eu dans ses recherches moins de succès que moi. D’autres vont plus loin, et prétendent que Galilée ou son fils a effectivement appliqué le pendule aux horloges ; mais quelle vraisemblance y-a-t-il qu’une découverte aussi utile, non-seulement n’eût point été publiée dans le temps même où elle a été faite, mais qu’on eût attendu pour la revendiquer huit ans après la publication de mon ouvrage ? dira-t-on que Galilée pouvait avoir quelque raison particulière pour garder le silence pendant quelque temps(1) ? Dans ce cas, il n’est point de découvertes qu’on ne puisse contester à son auteur … »

1) Bien que la qualité de son travail ne soit pas à démontrer, il est reconnu ici par Huyghens, avec une certaine mauvaise foi, que Galilée a travaillé le sujet. En effet, dans « Dialogue sur les deux grands systèmes du monde », publié en 1632 à Florence, Galilée relate ses expériences sur le pendule. Comme il est impensable qu’un scientifique comme Huyghens n’ait pas été au courant, d’une publication dix ans plus tôt, ses explications semblent un peu oiseuses. Il est en revanche évident qu’il revoit et complète le travail de Galilée sur l’isochronisme et que la réalisation, sous sa direction en 1647, d’une horloge équipée d’un pendule réglant par Salomon Coster, fait de Huyghens celui qui donne un essor nouveau à l’horlogerie.

L’application de la cycloïde aux horloges, toute admirable qu’elle est dans la théorie, n’a pas eu le succès que M. Huyghens s’en était promis ; la difficulté de tracer exactement une telle courbe a dû y contribuer ; mais la principale cause dépend de ce qu’elle exigeait que le pendule fût suspendu par un fil flexible ; or ce fil était susceptible des effets de l’humidité et de la sécheresse ; et d’ailleurs il ne pouvait supporter qu’une lentille légère, qui parcourant de grands arcs, éprouvait une grande résistance de l’air, ses surfaces étant d’autant plus grandes, que les corps sont plus petits. Or cette lentille devenait sujette par ces raisons à causer des variations à l’horloge, et d’autant plus que la force motrice, soit le poids qui entretient le mouvement de la machine, devenait plus grand, ce qui produisait des frottements. D’ailleurs toute la théorie de la cycloïde portait sur les oscillations du pendule libre, c’est-à-dire, qui fait ses oscillations indépendamment de l’action réitérée d’un rouage. Or un tel pendule ne peut servir que pendant quelques heures à mesurer le temps ; et lorsqu’il est appliqué à l’horloge, ses oscillations sont troublées par la pression de l’échappement qui en entretient le mouvement ; en sorte que, selon la nature de l’échappement, c’est-à-dire, que selon que l’échappement est à repos ou à recul, les oscillations se font plus vite ou plus lentement, comme nous le ferons voir. Aussi a-t-on abandonné depuis la cycloïde, qui a cependant produit une grande perfection aux horloges à pendules, c’est de nous apprendre que les petits arcs de cercles ne diffèrent pas sensiblement des petites portions de cycloïde ; en sorte qu’en faisant décrire au pendule de petits arcs, les oscillations en seraient isochrones, quoique les arcs décrits par le pendule vinssent à augmenter ou à diminuer par le changement de la force motrice.

Le docteur Hook(2) fut le premier en Angleterre qui fit usage des petits arcs ; ce qui donna la facilité de faire en même temps usage des lentilles pesantes. Le sieur Clément(3), horloger de Londres, fit dans le même temps des pendules qui décrivaient de petits arcs avec des lentilles pesantes. Ce principe a été suivi depuis ce temps par tous les horlogers qui ont aimé à faire de bonnes machines. M. le Bon à Paris, a été un des premiers qui en ait fait usage ; il fit même des lentilles pesant environ 50 à 60 livres ; c’est le même système qu’a suivi de nos jours M. Rivaz(4).

2) Tout comme l’abbé de Hautefeuille à Paris, l’anglais Hook (1635-1703) qui était professeur de géométrie, mais surtout secrétaire de la Royal Society de Londres contesta à Huyghens la paternité du spiral. En France Hautefeuille fut débouté. Il est évident comme c’est souvent le cas, que la communauté scientifico-horlogère de l’époque travaillait sur les mêmes pistes et que seule la publication de travaux permet de revendiquer la paternité d’une découverte. Huyghens semble avoir été plus pragmatique que les autres !Ainsi, il fit réalisé son ressort spiral par Thuret en 1674.

3) William Clément, horloger qui vécut à Londres de 1670 à 1696 est donné pour l’inventeur de l’échappement à ancre en 1675. Là aussi, comme avec Huyghens, le docteur Hook, contesta la paternité et prétendit l’avoir réalisé dès 1665 et avoir présenté à la R.S une horloge qui en était équipée.

4) Pierre Joseph de Rivaz est né le 29 mars 1711 dans le Valais et mourut le 6 août 1772 à Moûtiers. Inventeur fécond en horlogerie et dans d’autre domaine il exerça plusieurs activités dont celle d’exploitant minier. En 1740 il présenta une horloge qui se remontait d'elle-même, puis en 1748, d'autres inventions en horlogerie et hydraulique à l'académie des sciences de Paris.

On peut juger de la perfection où on a porté la construction et l’exécution des pendules astronomiques…