La Comtoise

Introduction

La comtoise, qu'est ce que c'est ?

Origine

Comme cela est très bien expliqué dans "La comtoise" de Moreau, (malheureusement très dur à trouver) et dans la "Petite histoire de l'horloge comtoise" (disponible sur le site de l'Association Horlogerie Comtoise) ce mécanisme est une sorte de déclinaison des horloges d’édifice à l'usage  des particuliers. La paternité en est attribuée aux frères Mayet.

La localisation géographique est pour beaucoup dans les caractéristiques techniques et les matériaux choisis. En effet au début du XVIIIème siècle la région de Morbier compte près de 6 mois de neige par an. La production de mécanisme par les paysans-horlogers devient donc un revenu d’appoint important et de ce fait il ne doit pas y avoir de rupture de matière première du fait d’une sophistication trop poussée. Tout est donc pensé dans la logique du bon sens campagnard : plus c’est simple, mieux c’est ; moins il y a de matière, moins ça coute…

Comtoise modélisée

Conception

On ne va donc pas utiliser de platine comme dans les horloges anglaises, mais des piliers, maintenus dans un bâti appelé cage-fer.

Les montants seront percés approximativement aux bons endroits, les trous rebouchés avec du laiton et percés ensuite pour placer le point de pivotement en fonction du bon engrènement des roues. On est loin du plan normé !

Comtoise piliers détails
Détails des piliers de comtoise

De même, la fixation et la mise en place des piliers, puis des rouages est loin d’être horlogère. Contrairement aux horloges d’édifice, ici, pas de clavettes qui pourraient bouger dans le transport et faire dégrèner les rouages.

On forge une forme bifide en bas du pilier et deux découpes dans le dessous du bâti pour recevoir les deux tenons de chaque pilier. On enfiche donc le bas du pilier dans la plaque de base de la cage-fer, puis on le redresse pour le remettre à la verticale et faire correspondre le trou du filetage en haut du pilier avec celui du dessus du bâti.

Cela ne pose pas de problème pour le pilier avant, mais pour le pilier arrière, que l’on place ensuite, c’est autre chose. En effet on positionne les mobiles, les uns après les autres tout en mettant le pilier arrière en place. Pour cela on rentre le pivot avant du premier mobile dans le point de pivotement correspondant du pilier avant et on fait ensuite rentrer le pivot arrière de biais dans le pilier arrière que l’on remet ainsi petit à petit dans la position verticale.

Remontage d'un pilier

Remontage pilier 1
Remontage pilier 2
Remontage pilier 3

La logique des platines parallèles impose un remontage total en une seule opération. Tandis que le montage entre pilier nécessite un montage en biais, et donc un jeu important dès le début, tout du moins dans la logique retenue pour la comtoise, pour pouvoir mettre les mobiles les uns après les autres. Ce qui se conçoit parfaitement dans une démarche de simplification du geste pour une main d’œuvre pas encore experte. En revanche, que le système est perduré repose plus sur la tradition et le concept, encore une fois plein du fameux bon sens déjà évoqué : pourquoi changer si ça marche comme ça.

Remontage du mécanisme

Remontage comtoise 1
Étape 1
Remontage comtoise 2
Étape 2
Remontage comtoise 3
Étape 3
Remontage comtoise 4
Étape 4
Remontage comtoise 5
Étape 5

Complications

La comtoise est en quelque sorte le "tracteur" du monde horloger : increvable et efficace. Tout du moins pour les mécanismes de bases. En effet dès que l’on voudra obtenir une sonnerie des quarts et donc rajouter un troisième rouage la construction simple adoptée va très vite devenir compliquée.

Du moins pour l’horloger contemporain qui doit corriger des jeux, mais pas trop, mais un peu quand même, juste ce qu’il faut pour que cela fonctionne, comme depuis plus de deux cent ans pour certains mécanismes.

Comtoise au quarts

Juste pour le plaisir du chiffre faisons un petit calcul : une comtoise à quart frappe sur plusieurs timbres certes, mais déclenche en générale deux coups à chaque quart, pour qu’il n’y ait pas confusion avec un coup unique, réservé à 1h.

Donc pour chaque heure 2 + 4 + 6 + 8 soit 20 coups,  de ce fait 20 x 24 = 480 coups pour une journée.

Viennent ensuite l’heure et la répétition de l’heure, ainsi (1+2+3+4+5+6+7+8+9+10+11+12) x 2 = 156 coups pour 12h que l'on double pour avoir le nombre de coups en une journée soit 312.

Total : 480 + 312 = 792 coups de marteaux chaque jour.

Comtoise à grande sonnerie

Si c’est une comtoise à grande sonnerie, c’est-à-dire sonnant l’heure à chaque quart, on rajoute donc (1+2+3+4+5+6+7+8+9+10+11+12) x 3 x 2 soit cette fois ci 468 coups supplémentaires pour arriver à 1260 coups journaliers.

Ce qui permet de totaliser plus de 91 millions pour un mécanisme de 200 ans. Il faut donc bien doser son geste quand on corrige les défauts pour permettre un fonctionnement régulier et pérenne.

En bref

Quoi qu’il en soit la comtoise, la vrai, est composée des éléments suivants :

  • Un mouvement cage-fer à deux rouages montés entre piliers

  • Un cadran en émail

  • Un couronnement en laiton ou en bronze pour les plus anciennes

  • Un  balancier long qui bat la seconde ou pas loin

  • Deux poids

  • Une gaine en bois dont la forme varie selon la région d’implantation, puisqu’elle était souvent fabriquée localement par l’ébéniste du coin, voire le menuisier ou même le charpentier. C’est à ce style que l’on doit l’erreur fréquente : « ce n’est pas une comtoise, mais une… bourguignonne, bressane, savoyarde… »

Pour la datation reportez vous au tableau (voir)

Modélisation

Création

Comtoise modèle

Comtoise modèle

Comtoise modélisée

Comtoise modélisée

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