Encyclopédie volume horlogerie page 2 colonne droite

Transposition par l'Horloger de la Croix-Rousse du volume relatif à l'horlogerie page 2 colonne de droite de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert

L’usage et l’expérience du marteau donnent le sentiment qu’il faut avoir en tenant la pièce à forger d’une main et le marteau de l’autre ; il faut, dis-je, que le sentiment des deux mains concoure à faire en sorte que chaque coup de marteau corresponde au point de contact, et de sentir que toutes les parties soient également durcies, également tendues, et dans le même plan.

L’or est de tous les métaux celui qui est le plus susceptible d’extension, néanmoins il peut se durcir et acquérir beaucoup d’élasticité ; après lui l’argent, le cuivre et l’étain. Le plomb ne m’a jamais paru se durcir au marteau, quelques précautions que j’aie pu prendre, et s’il montre quelques signes d’élasticité, c’est plutôt au sortir de la fonte qu’après avoir été forgé.

L’Horlogerie n’emploie que peu de matières pures. Le cuivre jaune qu’elle emploie ordinairement est un mélange de cuivre rouge avec la calamine fonds ensemble, nommé laiton.

L’or, l’argent, sont aussi alliés avec du cuivre, ce qui procure à tous les métaux une qualité plus aisée pour les travailler : c’est par ce mélange que la matière devient plus sèche et moins grasse ; ce qui fait qu’elle se durcit plutôt au marteau, qu’elle se lime, perce et coupe mieux.

Le mercure n’étant point malléable, l’on ne s’en sert que pour dorer les ouvrages en en formant un amalgame avec de l’or pur.

Le fer, cette noble et précieuse matière, sans laquelle l’on ne tirerait point d’utilité d’aucune autre, est la base par laquelle tous les arts exercent leur empire.

Tous les arts en font usage, et l’Horlogerie en particulier ne saurait s’en passer. Aussi peut-on dire que cet art a plus contribué à perfectionner ce métal qu’aucun autre, par la précision, la dureté, la délicatesse qu’elle exige dans la plupart de ses parties.

L’on ne fait guère usage du fer pur que pour les grosses horloges ; mais pour l’horlogerie moyenne et en petit, il faut qu’il soit converti en acier. Il faut même pour cette dernière qu’il soit le plus parfait, sans quoi il est impossible de faire de bonnes montres.

Le fer converti en acier est très différent des autres métaux : car ayant la qualité commune de se durcir au marteau, il en a de plus admirable et particulière, c’est de se durcir très promptement pat le moyen du feu : car si l’on fait chauffer vivement un morceau d’acier jusqu’à ce qu’il devienne d’un rouge couleur de charbon allumé, qu’on le retire, et qu’on le plonge subitement dans l’eau froide (alors c’est que l’on appelle de l’acier trempé) ; dans cet état il est si dur qu’il n’est plus possible de lui faire supporter le marteau ; il se casserait et se briserait comme du verre.

Mais comme on a besoin de travailler l’acier après qu’il est trempé, on en diminue la dureté par le moyen suivant.

On le blanchit en le frottant de pierre ponce, ou de telle autre capable de lui ôter la croute noire que la trempe lui a donnée. Ensuite on le met sur un feu doux, et à mesure que l’acier s’échauffe, il passe successivement d’une couleur à l’autre dans l’ordre suivant : un jaune paille jusqu’à un plus foncé, rouge, violet, bleu, couleur d’eau ou verdâtre, jusqu’au grisâtre ou blanchâtre, après quoi l’on ne remarque plus rien dans sa couleur, qui reste sensiblement la même.

Faire passer son acier par ces différentes couleurs que le feu lui donne, c’est ce que l’on appelle revenir ou donner du recuit ; ainsi jaune, rouge, violet, etc. sont des degrés de ramollissement plus ou moins grands, selon que le désire et suivant les effets auxquels on le destine.

On appelle avoir trop fait revenir son acier, lorsqu’on le laisse passer de la couleur où on le souhaite à une des suivantes ; et lorsque la chaleur est assez grande pour lui faire passer toutes les couleurs et reprendre celle de charbon allumé ; si l’on le laisse refroidir, c’est ce qu’on appelle alors de l’acier recuit ou détrempé.

Il y a plusieurs sortes d’acier qui diffèrent à la trempe. Les uns deviennent plus durs que d’autres par le même degré de chaleur ; de même aussi lorsque l’on veut leur donner du recuit ou ramollissement, il arrive que les unes le sont plus à la couleur jaune, que d’autres à la …