Montre ordinaire & ses développements

Vues partielles des différents éléments composant une montre

Planche 10a

Montre et ses développementsLa montre est une petite horloge portative que les hommes mettent dans le gousset & les femmes à leur ceinture.

Montre simple, est celle qui montre l'heure & les minutes.

Montre à répétition, celle qui répète l'heure & les quarts, lorsque l'on pousse le bouton ; elle est dite à timbre lorsqu'il y en a un ; & lorsqu'il n'y en a point, elle est dite à sourdine.

Montre à horloge, celle qui sonne d'elle - même l'heure & les quarts.

Montre à réveil, celle qui a une sonnerie, que l'on peut mettre dans le cas de sonner à une heure déterminée pour se réveiller.

Montre à trois parties, celle qui sonne elle - même, & & qui joint encore la répétition.

Montre à quatre parties, celle qui aux trois précédents joints encore le réveil.

Montre à équation, celle qui montre les erreurs du soleil.

Montre à quantième, celle qui montre le quantième du mois, de la lune, les jours de la semaine, & les mois de l'année.

Montre de carrosse, celle qui est environ trois fois plus grosse que les autres montres. Elle est pour l'ordinaire à sonnerie, & sert pour courir la poste, en la suspendant dans la chaise.

Montre à secondes, celle qui porte une aiguille de secondes, qui avance de seconde en seconde, comme les pendules dites à secondes. Cette invention fut trouvée en 1754. Voyez Frottement, Horlogerie, où cette montre est décrite & le jugement de l'académie rapporté.

Avant cette époque les montres qu'on nommait montres à secondes, ne les battaient point. La plupart d'entre elles faisaient un certain nombre de battements par seconde, qui n'étaient point l'aliquote de la minute ; de sorte qu'elle ne se trouvait que rarement d'accord. L'époque de la montre qui bat les secondes a été aussi celle des montres à longs termes pour les remonter. Avant ce temps l'on avait bien fait des montres à huit jours, mais elles ne valaient rien parce qu'elles manquaient totalement de force, mais comme par cette invention l'on réduit prodigieusement la force motrice, il suit qu'il a été possible d'en faire aller un mois, six mois, un an.

A l'égard de cette dernière espèce, j'en a fait une que j'ai présentée à l'académie, & j'ai démontré par un mémoire sur les révolutions des roues, le moyen le plus simple de faire aller un an une pièce sans être remontée: on va rapporter ici le jugement de l'académie.

Extrait des registres de l'académie royale des Sciences, du 10 Mai 1758.

« Nous, commissaires nommés par l'académie, avons examiné une montre du sieur Romilly, horloger, citoyen de Genève, construite pour aller 378 jours sans être remontée.

Cette montre est à secondes & à répétition. Les secondes y sont excentriques. Son mouvement est composé comme dans les montres ordinaires, d'un barillet, de cinq roues, & de quatre pignons. Son balancier bat les secondes. Sa fusée porte huit tours trois quarts de chaîne. La roue de fusée a 96 dents qui engrènent dans un pignon de 8. La seconde roue est aussi de 96 dents qui engrènent dans un pignon de 6. La troisième porte 108 dents qui engrènent dans un pignon de 6. La quatrième est aussi de 108 dents qui engrènent dans un pareil pignon de 6. Enfin la roue d'échappement a 30 dents, dont chacune fait faire deux vibrations au balancier, en sorte que cette roue fait son tour en une minute. Il est facile de voir que cette montre doit faire 32669200 vibrations d'une seconde, & qu'elle doit en conséquence marcher 378 jours pendant les huit tours trois quarts que la roue de fusée doit faire avant qu'il soit nécessaire de la remonter.

Le ressort de cette montre n'est pas beaucoup plus fort que ceux de quelques montres qui ne vont que 30 heures. L'horloger a été obligé de faire les roues très - légères, & de rendre toutes les pièces & engrenages de son mouvement extrêmement réguliers, pour ménager autant qu'il est possible l'action de la force motrice, qui serait bien - tôt épuisée dans une montre faite avec moins de soin. Il faut observer que celle - ci faisant dans un temps donné cinq fois moins de vibrations que la plupart des montres ordinaires, elle n'aurait besoin, toutes choses égales d'ailleurs, que d'une force motrice cinq fois plus petite ; & comme le ressort spiral de son balancier peut - être vingt - cinq fois moins roide que ceux des balanciers ordinaires de même masse, il faut pour le faire partir au doigt vingt - cinq fois moins de force que pour les montres communes.

Quoique cette montre soit plus susceptible que les montres ordinaires, des inégalités causées par le froid & le chaud, & peut être aussi plus sujette à s'arrêter, on peut cependant conclure de l'exposé ci - dessus, que le sieur Romilly n'a négligé aucun des moyens nécessaires pour faire aller une montre aussi long - temps qu'on peut le désirer sans la remonter, ce qui fournit de nouvelles preuves de son adresse dans l'exécution, & de l'habileté dans la théorie de l'Horlogerie.  » Signé, De Montigny & Camus.

 Je certifie l'extrait ci - dessus conforme à son original & au jugement de l'académie, ce 11eme jour de Mai 1758. Signé, Grandjean de Fouchy, secrétaire perpétuel de l'académie royale des Sciences.

L'on voit par ce rapport que l'académie approuve la théorie & l'exécution de cette montre. En effet, pour perfectionner les montres & les machines en général, l'on ne suit guère d'autre théorie que celle qui tend à diminuer les résistances pour réduire les forces qui les animent, par - conséquent diminuer les frottements, & leur donner un peu plus de dureté.

Mais cette montre qui est faite pour aller une année avec un ressort ordinaire de vingt - quatre heures, a exigé tout ce que l'art a de plus subtil pour diviser cette force pour aller 378 jours ; en sorte qu'il ne reste sur le dernier mobile de cette montre qu'une force infiniment petite.

Mais ayant donc diminué les causes mécaniques, & réduit toutes les résistances autant qu'il était possible & nécessaire, il est arrivé que les causes physiques du chaud & du froid ont eu d'autant plus d'accès sur elle pour la déranger, ce qui fait voir qu'il y a des bornes au - delà desquelles les frottements étant pour - ainsi - dire échappés à la mécanique, sont diminués avec d'autant plus de force par les causes physiques. Comme j'ai fait plusieurs expériences avec cette montre, je ne crois pas inutile d'en rapporter une partie.

Étant réglée à la température du quatorzième degré du thermomètre de M. de Réaumur, elle a été avec une régularité surprenante : j'ai poussé la chaleur de cinq degrés en cinq degrés jusqu'au quarante - cinquième, la montre a continué d'aller avec une précision au - dessus des meilleures montres ordinaires. En un mot j'ai répété des expériences en différents temps pendant des cinq à six heures de suite dans toutes les positions, à plat, pendue, & en mouvement ; elle a toujours soutenu sa même régularité. Mais ce qu'il y a de fort singulier, c'est que lorsque j'ai diminué la chaleur du quatorzième au douzième degré, la montre a commencé à retarder huit à dix secondes par heure. Au dixième degré elle retardait quinze à vingt - cinq secondes ; au huitième de trente - cinq à soixante secondes ; au sixième de deux à trois minutes & demie ; au quatrième elle retardait de six & huit minutes ; & à zéro elle retardait si considérablement qu'elle arrêtait quelquefois au bout d'une demi - heure, & quelquefois plus tard. J'ai répété toutes ces expériences du froid ; elles ont beaucoup varié : c'est - à - dire qu'au même degré de froid elle variait ses retards en plus & en moins. Étant remise à la température du quatorzième, ou du vingtième, trentième, &c. elle était deux à trois heures pour se régler ; après quoi elle restait réglée comme dans les premières expériences.

Si l'on fait un raisonnement sur les effets que la chaleur doit produire sur les montres, l'on trouvera :

Que la chaleur ouvrant les pores doit permettre aux parties flottantes de se pénétrer davantage, par conséquent causer du retard. La chaleur qui dilate les métaux allonge les ressorts moteurs & réglant, ils deviennent plus faibles ; autre cause de retard.

La dilatation grossit les pivots, grandit les roues & le balancier ; autre cause de retard.

Le froid qui fait directement tout le contraire sur chacun de ces objets, devrait faire aussi un effet tout contraire, par - conséquent faire avancer la montre : il en est cependant arrivé tout autrement.

A quoi donc en rapporterons-nous la cause ?

Au frottement seul. Il est certain qu'il en est l'unique cause ; car ayant fait depuis une infinité d'expériences sur les frottements, j'ai toujours trouvé que le froid augmentait d'autant plus les résistances que les pressions étaient plus faibles ; d'où je conclus que cette résistance se trouve augmentée en plus grande raison que toutes les causes contraires dont je viens de parler, & qui tendaient à la faire avancer. En sorte que les montres doivent d'autant plus retarder par le froid, qu'elles sont faites pour aller plus long - temps ; que toutes choses d'ailleurs égales, celles qui vont avec le moins de force motrice sont aussi celles où le froid fait les plus grands effets : & au - contraire les montres qui vont avec beaucoup de force, bien - loin de retarder par le froid, avancent ; il est vrai qu'il s'y mêle un peu de destruction qui concourt à les faire avancer.

Les montres ne sont pas seulement des machines pour mesurer le temps, elles servent encore d'ornement & de parure, font partie des bijoux, & sont une marque d'opulence. C'est la raison pour laquelle l'on enrichit les boîtes des montres par des gravures, peintures en émail, & diamants. L'on emploie aussi toutes sortes de cailloux pour les boîtes. En un mot tout ce qu'on emploie pour orner les bijoux, est employé pour les montres ; & réciproquement l'on enrichit les bijoux en y plaçant des montres. J'ai fait des montres à répétition dans des bagues, bracelets, tabatières, au bout d'un étui, d'une pomme de canne, sur une navette, dans une pelote. L'on fait aussi des montres de fantaisie, très - petites, très - plates. J'ai fait une répétition qui n'avait de hauteur que trois lignes ; elle était des plus plates qui se soient faites : & pour donner une idée de la délicatesse & de la précision qu'une telle montre exige, il suffira de dire que l'on y distingue trente - sept épaisseurs les unes sur les autres perpendiculairement, dont la plupart ont leur jeu pour se mouvoir sans se frotter.

Si ces montres n'ont pas un avantage sur les montres d'un volume ordinaire, l'on peut dire que les horlogers qui les font & qui les font bien, acquièrent une telle connaissance de précision & une délicatesse d'exécution, dont il n'appartient qu'à eux seuls de se former l’idée ; car dans les ouvrages ordinaires il ne suffit pas de savoir qu'il faut une grande exactitude, il s'agit encore de la sentir.

Tout ce que l'horloger doit se proposer dans ces petits ouvrages, c'est de les faire incassables, de montrer l'heure à peu de choses près, de réduire leur composition autant qu'il est possible, en sacrifiant même quelque avantage utile aux grosses montres : & pour satisfaire à cet objet il faut encore du génie & de l'adresse.

Mais, dira - t - on, pourquoi donc faire des montres un sujet de fantaisie, de mode, ou de caprice ? N’ont-elles pas assez de mérite par la nature de leur objet, celui de mesurer le temps ? doit-on rien faire qui tende à altérer leur justesse ?

Eh ! pourquoi la nature ne souffre - t - elle pas deux choses égales, pourquoi faut-il de la variété dans tout ? Au - moins il est très - certain que ceux qui sont en état de bien faire les petits ouvrages, le sont encore plus de faire les moyens.

Fig. 42. La platine des piliers vue intérieurement ou du côté opposé au cadran.

43. La même platine vue du côté sur lequel on place le cadran.

44. La petite platine vue intérieurement ; au - dessous sont les développements de la potence.

45. La même petite platine vue extérieurement ou du côté du coq qui recouvre le balancier ; au - dessous sont les développements de la coulisse & de la rosette.

46. La platine des piliers vue intérieurement & garnie du barillet, de la fusée, des grandes & petites roues, moyennes, & de la roue de champ ; au - dessous sont les développements du ressort de cadran.

47. La même chose en perspective.

48. Le grand ressort

49. Le rouage en profil, au - dessous de chacune des roues sont les plans & développements nécessaires.

50. Calibre de montre ordinaire.

51. Drageoir.

51. n°. 2. fil de pignon.

52. Ressort spiral & balancier.

53. Calotte de répétition.

54. Chaîne de montre.

55. Pas d'âne.

56. Embistage.