Encyclopédie volume horlogerie page 4 colonne droite

Transposition par l'Horloger de la Croix-Rousse du volume relatif à l'horlogerie page 4 colonne de droite de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert

De très simple que se trouvait la mesure du temps, elle va devenir très compliquée, et par conséquent d’autant moins exacte.

  1. Que le mécanisme qui agit sur le pendule sera moins parfait pour entretenir la constance dans l’étendue, des arcs qu’il peut décrire étant abandonnés à la seule pesanteur.

  2. Que l’on multipliera le poids et les roues pour faire aller plus longtemps les pendules sans avoir besoin de les monter.

  3. Que l’on voudra leur faire faire le plus d’effets, comme de sonner les heures et les quarts, de montrer les variations du soleil, le quantième du mois, de la lune, etc.

Malgré toutes ces multiplications d’effets, une pendule qui est animée par le moyen d’un poids, et qui est réglée par un pendule qui bat les secondes, mesure encore le temps avec beaucoup d’exactitude. Mais cette justesse est bientôt altérée, lorsque pour commodités d’ornement, l’on vient supprimer les poids et raccourcir le pendule au point de ne lui faire battre que les demies, les tiers ou quarts de secondes etc., telles sont les pendules d’appartement.

Par une suite de commodités, l’on a bientôt voulu porter la mesure du temps dans la poche : voilà l’origine des montres. Mais combien n’a-t-on pas perdu de la justesse et de la précision ?

Au pendule qui réglait les oscillations en vertu de la pesanteur, on a substitué un balancier avec son ressort spiral infiniment moins régulier.

Aux poids constant qui entretenait le pendule en mouvement, l’on a substitué un ressort sujet à mille imperfections, à casser ; à se rendre, et à des inégalités auxquelles on ne remédie qu’en partie. Voyez RESSORT MOTEUR.

Au poids constant des pendules en place dans la position la plus avantageuse pour la mécanique des mouvements, et dans une température à peu près égale, l’on substitue alternativement des les porter par toutes sortes de secousses, et de les mettre en repos dans différentes positions et températures.

Enfin à une exécution aisée on en a substitué une infiniment difficile, et l’on peut dire que les obstacles se multiplient ici autant que le volume des montres diminue, et que leur composition augmente. Voyez MONTRE.

Mais ne peut-on pas faire cette question ? Si l’exécution et la théorie des montres est si difficile, pourquoi en voit-on quelque fois de mal faite qui vont bien, tandis que l’on en voit de bien faites qui vont mal ? C’est une vérité qui n’est pas possible de révoquer en doute, et qi mérite un éclaircissement, moins pour l’honneur des artistes que pour la honte des ignorants.

L’on sait que pour construire une excellente montre il faut, comme je l’ai déjà dit, réunir à une supérieure exécution une théorie des plus subtiles. Manque-t-on le plus petit objet dans le détail et la précision qu’il demande, la montre va mal : pour cela est-on en droit d’en conclure qu’elle est mauvaise ? Non assurément ; il suffira même pour la corriger de la remettre à l’artiste qui l’a construite, il est plus en état qu’aucun autre d’y remédier. Il suffit qu’il fasse pour cela une exacte révision des parties, qu’il prenne le soin de la voir marcher quelques temps ; alors quelque subtil que soit le défaut, il n’échappera point à son intelligence.

Il s’en faut bien qu’il en soit ainsi de la mauvaise montre qui va bien : c’est à la concurrence de ses défauts en tout genre qu’elle doit sa justesse apparente, il suffirait même d’en corriger un seul pour la voir mal aller.

Mais comme il se trouve une cause commune qui fait généralement varier toutes les montres, mais bien plus les mauvaises que les bonnes, indépendamment de leur construction et de leur exécution, il est bon que j’en donne une idée telle que l’expérience ma l’a souvent fournie, d’autant plus que cette cause n’a pu être assujettie à aucune juste estimation, ni par le physicien ni par le praticien : c’est la dernière difficulté que je me suis proposé de faire connaitre dans cet article.

Dans toutes sortes de machines composées, telle…