Encyclopédie volume 8 page 305 colonne droite

Transposition par l'Horloger de la Croix-Rousse du volume 8 page 305 colonne de droite de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert

…Or le temps mesuré par les pendules étant uniforme par sa nature, il arrive que ces machines ne peuvent suivre naturellement les écarts du soleil. On a donc imaginé un mécanisme qui est tel que tandis que l’aiguille des minutes de la pendule tourne d’un mouvement uniforme, une seconde aiguille des minutes suit les variations du soleil. Enfin, les plus belles machines que l’Horlogerie ait produites jusques ici sont, les sphères mouvantes et les planisphères.

On appelle sphère mouvante, une machine tellement disposée, qu’elle indique et imite à chaque moment la situation des planètes dans le ciel, le lieu du soleil, le mouvement de la lune, les éclipses : en un mot, elle représente en petit le système de notre monde. Ainsi, selon le dernier système reçu par les Astronomes, on place le soleil au centre de cette machine, qui représente la sphère du monde. Autour du soleil, tourne mercure ; ensuite sur un plus grand cercle on voit vénus, puis la terre avec sa lune ; après elle mars, ensuite Jupiter avec ses quatre satellites, et enfin saturne avec ses cinq satellites ou petites lunes ; chaque planète est portée par un cercle concentrique au soleil ; ces différents cercles sont mis en mouvement par des roues de l’horloge, lesquelles sont cachées dans l’intérieur de la machine. Chaque planète emploie et imite parfaitement dans la machine le temps de la révolution que les Astronomes ont déterminé ; ainsi mercure tourne autour du soleil en 88 jours, vénus en 224 jours 7 heures, la terre en 365 jours 5 heures 49 minutes 12 secondes. La lune fait sa révolution autour de la terre en 29 jours 12 heures 44 minutes 3 secondes ; mars en un an 321 jours 18 heures, Jupiter en onze ans 316 jours, et saturne en 29 ans 155 jours 18 heures. La sphère mouvante n’est pas d’invention moderne, puisque Archimède qui vivait il y a deux mille ans, en avait composé et fait une qui imitait les mouvements des astres. On a fait dans ces derniers temps plusieurs sphères mouvantes ; mais la plus parfaite dont on ait connaissance, est celle qui est placée à Versailles, laquelle a été calculée par M. Passement(1), et exécutée par d’Authiau.

1) L’horloge astronomique haute de plus de 2 m a été acheté par louis XV et est toujours visible au Château de versailles Conçue par Claude-Siméon Passemant (1702-1769), elle a été réalisée pendant plus de quinze ans par Louis Dauthiau (1730-1809), horloger, ainsi que par le sculpteur Jean-Jacques Caffieri (1725-1792) et le bronzier Philippe Caffieri (1714-1774).

On a aussi composé des pendules qui marquent et indiquent le mouvement des planètes, comme le fait la sphère ; mais avec cette différence, que dans les machines qu’on nomme planisphères, les révolutions des planètes sont marquées sur un même plan par des ouvertures faites au cadran sous lequel tournent les roues qui représentent les mouvements célestes.

On a ainsi enrichi l’Horlogerie d’un grand nombre d’inventions qu’il serait trop long de rapporter ici ; on peut consulter les ouvrages d’Horlogerie, comme le traité de M. Thiout, du P. Alexandre, et de le Paute ; on trouvera surtout dans le livre de M. Thiout un grand nombre de machines très ingénieusement imaginées pour parvenir à exécuter aisément toutes les parties qui composent la main-d’œuvre ; il y a d’ailleurs toutes sortes de pièces : cet ouvrage est proprement un recueil de machines d’Horlogerie.

On voit par ce qui précède une partie des objets que l’Horlogerie embrasse ; on peut juger par leur étendue combien il faut réunir de connaissances pour posséder cette science.

L’Horlogerie étant la science du mouvement, cet art exige que ceux qui le professent connaissent les lois du mouvement des corps ; qu’ils soient bons géomètres, mécaniciens, physiciens ; qu’ils possèdent le calcul, et soient nés non seulement avec le génie propre à saisir l’esprit des principes, mais encore avec les talents de les appliquer.