Encyclopédie volume 8 page 307 colonne gauche

Transposition par l'Horloger de la Croix-Rousse du volume 8 page 307 colonne de gauche de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert

…l’horloger, comme on l’entend ici, de l’artiste qui possède les principes de l’art : ce sont deux personnes absolument différentes. Le premier pratique en général l’Horlogerie sans avoir les premières notions, et se dit horloger, parce qu’il travaille à une partie de cet art.

Le second embrasse au contraire cette science dans toute son étendue : on pourrait l’appeler l’architecte-mécanique ; un tel artiste ne s’occupe pas d’une seule partie, il fait les plans des montres et des pendules, ou autres machines qu’il veut construire. Il détermine la position de chaque pièce, leurs directions, les forces qu’il faut employer, toutes les dimensions ; en un mot, il construit l’édifice. Et quant à l’exécution, il fait choix des ouvriers qui sont capables d’en exécuter chaque partie. C’est sous ce point de vue que l’on doit considérer l’Horlogerie, et que l’on peut espérer d’avoir des bonnes machines, ainsi que nous le ferons voir dans un moment. Nous allons maintenant parler de chaque ouvrier que l’on emploie pour la fabrication des montres et des pendules, dont le nombre est très grand ; chaque partie est exécutée par des ouvriers différents, qui font toute leur vie la même chose.

Ce qui concerne la pratique ou la manœuvre se divise en trois branches, lesquelles comprennent tous les ouvriers qui travaillent à l’Horlogerie.

La première, les ouvriers qui font les grosses horloges des clochers, etc. on les appelle horlogers-grossiers.

La seconde est celle des ouvriers qui font les pendules, on les appelle horlogers-penduliers.

La troisième est celle des ouvriers qui font les montres ; on les appelle ouvriers en petit.

1°. Les ouvriers qui fabriquent les grosses horloges sont des espèces de serruriers-machinistes. Ils font eux-mêmes tout ce qui concerne ces horloges, forgent les montants dans lesquels doivent être placées les roues. Ils forgent aussi leurs roues, qui sont de fer et leurs pignons d’acier ; ils font les dents des roues et des pignons à la lime, après les avoir divisées au nombre des parties convenables : ouvrage très-long et pénible. Il faut être plus qu’ouvrier pour disposer ces sortes d’ouvrages ; car il faut de l’intelligence pour distribuer avantageusement les rouages, proportionner les forces des roues aux efforts qu’elles ont à vaincre, sans cependant les rendre plus pesantes qu’il n’est besoin, ce qui augmenterait les frottements mal-à-propos. Les constructions de ces machines varient selon les lieux où elles sont placées ; les conduites des aiguilles ne sont pas faciles ; la grandeur totale de la machine et des roues, etc. est relative à la grandeur des aiguilles qu’elle doit mouvoir, à la cloche qui doit être employée pour sonner les heures ; ce qui détermine la force du marteau, et celui-ci la force des roues.

Pour composer avantageusement ces sortes de machines, il est nécessaire de posséder la théorie de l’Horlogerie : ces mêmes ouvriers font aussi les horloges de château, d’escalier, etc.

2°. Voilà le détail des ouvriers pour les pendules.

1°. Le premier ouvrage que l’on fait faire aux ouvriers qui travaillent aux pendules, est ce qu’on appelle le mouvement en blanc, lequel consiste dans les roues, les pignons et les détentes. Ces ouvriers, que l’on appelle faiseurs de mouvement en blanc, ne font qu’ébaucher l’ouvrage, dont le mérite consiste dans la dureté des roues et pignons ; les dents des roues doivent être également grosses, distantes entre elles, avoir les formes et courbures requises, etc.

2°. Le finisseur est celui qui termine les dents des roues, c’est-à-dire, qu’il fait les courbures des dents, finit leurs pivots, fait les trous dans lesquels ils doivent tourner ; il fait les engrenages, l’échappement…